samedi 16 novembre 2013

Steve Jobs: l’initiateur et le gourou de la révolution numérique

Steve Jobs (1955-2011): Le 25 janvier 2010, Apple annonce, lors de la publication de ses résultats, que son chiffre d’affaires dépasse 50 milliards de dollars. Son fondateur, Steve Jobs, déclare simplement en être «surpris», se remémorant le chemin parcouru depuis cette année 1976 durant laquelle, au fond de son garage et avec la complicité d’un ami de jeunesse, il s’apprêtait à créer ce qui allait devenir l’une des marques les plus puissantes du monde. Et à déclencher du même coup la troisième révolution industrielle, celle des technologies de l’information.

Le succès d’Apple se confond avec l’histoire de Steve Jobs. Celle d’un enfant adopté par un foyer californien qui attrape très tôt le virus de l’informatique grâce à son père, machiniste chez un fabricant de lasers.
Dissipé et solitaire, c’est moins de sa scolarité vite interrompue que de ces séances de bricolage en famille que Steve tire son savoir-faire. Lors d’un stage d’été chez Hewlett-Packard, à 15 ans, il rencontre Steve Wozniak, de cinq ans son aîné. Leur passion commune pour les composants électroniques va les rendre inséparables.
Pomme de Newton. Les deux Steve amassent 1.300 dollars en vendant des effets personnels et s’enferment pendant six mois dans le garage des Jobs pour réaliser leur projet : alors que la technologie informatique, coûteuse et encombrante, demeure à l’époque réservée aux entreprises, le tandem imagine le premier ordinateur domestique.
Privilégiant les composants bon marché, ils parviennent à construire une machine compacte et simple d’utilisation. Son prix est fixé à 666,66 dollars par Steve Jobs, ce qui dénote déjà un don hors du commun pour le marketing.
En 1976, les deux amis en vendent 200, tout en créant avec un investisseur la société Apple, ainsi baptisée en référence à la pomme de Newton. L’année suivante, l’Apple II, aujourd’hui encore considéré comme un chef-d’œuvre technique, transforme l’essai.
Son succès est tel que Jobs voit son rêve – faire entrer l’ordinateur dans chaque foyer, au même titre que la télévision et la radio – prendre forme. Dès lors, Apple adopte le slogan «One man, one micro», calqué sur la devise démocratique «One man, one vote».
Grosse déconvenue. Dès 1980, le chiffre d’affaires d’Apple atteint presque 1 milliard de dollars, offrant les conditions d’une introduction en Bourse. L’opération rapporte 240 millions de dollars à Steve Jobs, alors âgé de 25 ans. La cotation de la société lui fait pourtant perdre le contrôle de sa firme. Il ne s’entend pas avec certains managers extérieurs nommés par les actionnaires.
En 1983, John Sculley, qui vient de PepsiCo, devient même P-DG d’Apple. L’année suivante, le lancement calamiteux du premier Macintosh (du nom d’une variété de pommes !) détériore sa relation avec Jobs, qui, écarté des décisions, démissionne en 1985. Sa déconvenue est immense, mais il se remet en selle en rachetant à George Lucas, le créateur de «Star Wars», le studio Pixar (qui lancera, avec Disney, les dessins animés «Toy Story», «Le Monde de Nemo»…).
obs fonde aussi NeXT, qui fabrique des ordinateurs haut de gamme (avec une réussite modeste), puis des logiciels. Pendant ce temps, Apple connaît de multiples déboires, dont l’échec du projet d’organisateur électronique Newton. Sa part du marché informatique fond aussi face à l’offensive de dizaines de fabricants de PC utilisant les logiciels Microsoft.
En 1997, au bord du gouffre, la firme rachète NeXT, qui a développé un système d’exploitation prometteur, pour 400 millions de dollars. Et surtout elle réengage Steve Jobs comme P-DG.
Couleurs vives. Pour le fondateur, la revanche sera d’autant plus savoureuse que son come-back signe, de manière spectaculaire, la renaissance d’Apple. Il reprend en effet, en les améliorant, les recettes sur lesquelles il avait misé au début de l’aventure : design élégant, prouesses technologiques, utilisation simplissime.
Dès 1998, Apple retrouve ses fans grâce au lancement de l’iMac, dont la forme arrondie et les couleurs vives font vieillir tous les PC. Le retour à l’esprit maison est aussi illustré par la campagne «Think different» mettant en scène Einstein, la Callas et Gandhi !
L’engouement redouble avec la sortie de l’iBook, version portable de l’iMac. Jobs est alors l’un des premiers à saisir les nouveaux enjeux de la révolution numérique : la prolifération des appareils photo, caméras vidéo et MP3 transforme les ordinateurs en plates-formes multimédias, dont les logiciels associés fournissent le contenu. Ainsi naissent iTunes, iMovie et iDVD.
Quant au hardware, Apple le fait évoluer en associant dans ses appareils toutes les innovations existantes (généralement développées par d’autres firmes). Cette approche, la «synthèse créative», s’incarne en 2001 dans l’iPod.
Ce baladeur MP3 miniature doté d’une énorme capacité de stockage et d’un design épuré devient vite leader sur le marché. La recette fonctionne aussi avec l’iPhone, smartphone de référence depuis son lancement en 2007. Et tout indique que l’iPad, cette tablette numérique qui pourrait révolutionner la lecture (des livres comme de la presse), va connaître le même succès.
Le buzz orchestré dans le monde entier au début de 2010 autour de cet objet que personne n’avait vu illustre une nouvelle fois le formidable talent marketing de Steve Jobs. «Je n’ai pas été aussi enthousiasmé à l’idée d’acheter quelque chose depuis mes 8 ans», a même écrit un chroniqueur du «New York Times».
Surnommé "iGod". Surfant sur cette «Apple mania», le fondateur d’Apple, donné pour mort puis ressuscité après une greffe du foie, est devenu «iGod», le gourou charismatique du high-tech. Mais c’est aussi le patron le plus performant du début du siècle : depuis 2005, Apple a multiplié son chiffre d’affaires par cinq et ses profits par vingt.
Jobs mérite donc amplement le titre de «manager de la décennie» que lui a décerné le magazine «Fortune» à la fin de 2009.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire